Une vie en cartes postales.

Publié le 7 Juin 2016

 

 

Le ventre serré, le pouls vif, les larmes aux yeux, mais un petit sourire en coin... J'adore ouvrir un bouquin sans trop savoir ce qui m'attend, me laisser avaler tout cru, et assouvir ma lecture d'une traite, jusqu'au trop-plein d'émotions. C'est grisant. Et c'est précisément ce qu'il s'est passé en lisant La femme aux cartes postales, la bande dessinée tant attendue de Jean-Paul Eid et Claude Paiement.

Les deux auteurs nous emmènent parallèlement sur la Main, à Montréal, à la fin des années 50, lorsque le jazz y était roi, et à Sainte-Émilie-de-Caplan au début des années 2000. C'est ce village de Gaspésie que Rose a fui à la fin de son adolescence pour aller faire entendre sa voix dans la métropole et tenter d'y faire carrière.

Elle y retrouve son ami d'enfance, Roméo, excellent pianiste gaucher rebaptisé Lefty King, et y fait la connaissance du talentueux trompettiste Art McPhee. Ensemble, ils deviendront incontournables dans les cabarets de Montréal, jusqu'à l'émergence de Robert Charlebois et l'explosion du rock'n'roll.

 

Plutôt que de se raconter dans un carnet intime, Rose s'achète des cartes postales, sur lesquelles elle résume sa vie et ses émotions avec fraîcheur et candeur.

On suit aussi Victor Weiss, un éminent professeur d'anthropologie parisien atteint du syndrome de Fitch, une maladie génétique rare, à qui l'on annonce, à sa plus grande stupéfaction, que son corps a été retrouvé sous les décombres du World Tra-de Center à New York.

Je m'arrête là, mais, bien évidemment, les deux histoires vont finir par se croiser.

Le dessin est absolument superbe. Quelle excellente idée de ne pas l'avoir encré, ce qui laisse un rendu brut, un peu passé, qui s'associe à merveille au temps du récit, et à ses nostalgies.

À l'image d'un bon vieux Paul, de Michel Rabagliati, La femme aux cartes postales est un roman graphique comme je les aime: riche, passionnant, surprenant, émouvant et grand public. Une BD que l'on relira toujours avec plaisir.

Jean-Paul Eid, qui a lâché son personnage Jérôme Bigras pour travailler sur ce projet, signe un retour en beauté. L'attente valait franchement le coup.

 

 

La femme aux cartes postales
Jean-Paul Eid et Claude Paiement
La Pastèque
232 pages

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #Livre

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