Sully: l'envers du héros

Publié le 14 Septembre 2016

 

Premier long métrage à être presque intégralement tourné en format IMAX, Sully marque également la première collaboration - fort réussie - entre Clint Eastwood et Tom Hanks.

Qu'est-ce qu'un héros, une personne extraordinaire? Comment un homme, que rien ne différencie de son prochain, se transforme-t-il en exemple, en référence? Et surtout, quel prix cette personne paye-t-elle? Autant de questionnements que Clint Eastwood n'a cessé de creuser tout au long de sa carrière, qu'il s'agisse de ses rôles ou de ses longs métrages en tant que réalisateur.

Il creuse à nouveau cette thématique avec Sully. Derrière ce surnom se cache Chesley Sullenberger (Tom Hanks), le pilote d'avion de ligne qui a amerri un Airbus A320 dans l'Hudson en 2009, sauvant ainsi les 155 passagers et membres d'équipage.

 

Minutieusement, précisément, Clint Eastwood et le scénariste Todd Komarnicki reconstituent les événements de ce 15 janvier, à jamais gravés dans la mémoire collective. S'inspirant de l'ouvrage écrit par Chesley Sullenberger et Jeffrey Zaslow, le public a donc droit à un regard sur toutes les facettes de cet accident (incluant quelques flashbacks sur la vie du pilote) qui n'a duré que 208 secondes.

 

 

Raconté du point de vue de Sully - Aaron Eckhart incarne son copilote et Laura Linney, sa femme - le long métrage ne laisse aucune zone d'ombre. Ni sur les circonstances de l'accident (un vol de bernaches du Canada entre en collision avec l'appareil, provoquant l'arrêt des deux moteurs... du jamais vu dans l'histoire de l'aviation), ni l'enquête du NTSB (obligatoire dans tous les cas d'accidents), ni le choc post-traumatique souffert par Chesley Sullenberger, ni même le travail impressionnant des équipes de secours (les opérations ont duré 20 minutes). Autant d'éléments passionnants qui présentent les faits sans jamais tomber dans le voyeurisme, à l'instar des autres films biographiques du réalisateur (on pense notamment à J. Edgar ou encore à Tireur d'élite américain).

 

 

Sully brille également par la performance de Tom Hanks, l'une de ses meilleures tant l'acteur oscarisé se fait oublier pour laisser toute la place au pilote et à son exploit remarquable.

Film le plus technique de Clint Eastwood, qui a eu entièrement raison de choisir la technologie IMAX plutôt que la 3D, Sully offre une immersion parfaite dans l'action, le public se trouve, comme Chesley Sullenberger et son copilote, dans le cockpit de l'appareil au moment de l'incident. On entend les moteurs vrombir, exploser, puis cesser de fonctionner. On «sent» littéralement les turbulences, le fait que l'appareil plane et on prend toute la mesure - comme Sully - de la catastrophe évitée de justesse.

L'homme s'est toujours défendu d'être un héros - et on voit d'ailleurs cette réplique dans la bande-annonce -, mais, après Sully (et restez pour le générique de fin, très émouvant), il est bien difficile de ne pas le considérer comme tel.

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Note: 4 sur 5

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #Critique Cinéma

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