Juste la fin du monde: la maturité sied à Xavier Dolan.

Publié le 13 Septembre 2016

 

Il l'a écrit lui-même, Juste la fin du monde est son «premier [film] en tant qu'homme». Effectivement.

Avec maturité, pondération, Xavier Dolan nous entraîne dans son interprétation de la pièce du même nom de Jean-Luc Lagarce, le cinéaste de 27 ans l'ayant découverte grâce à Anne Dorval.

Louis (Gaspard Ulliel dont le jeu mesuré permet aux autres acteurs d'exploser, littéralement, à l'écran) revient auprès de sa famille après 12 ans d'évitement. Comme toutes les personnes qui quittent un pays ou une ville, il est attendu par les siens avec un mélange de fébrilité, de curiosité, d'admiration, de jalousie et de rancœur.

 

Les siens, c'est d'abord Martine (Nathalie Baye), outrageusement maquillée, vêtue de couleurs criardes, qui réalise l'exploit d'être à la fois attentive aux autres et obnubilée par sa petite personne. Puis, il y a Suzanne (Léa Seydoux que le réalisateur a admirablement bien dirigée), la petite sœur sans repère qui exige de son frère une approbation qu'elle n'a pas eue en grandissant. Antoine (Vincent Cassel), c'est l'aîné. Celui qui est resté, qui s'est sacrifié pour demeurer près de la famille. Il est marié à Catherine (Marion Cotillard, aussi sublime, quoique dans un tout autre registre, que dans Macbeth), douce, réservée, écrasée par la personnalité de son époux.

Pourquoi Louis revient-il au bercail? Pour annoncer à sa famille qu'il est malade, qu'il va mourir. Juste la fin du monde est un ballet, en crescendo, des membres de cette famille autour de cette nouvelle que personne ne parviendra à articuler, mais qui est sur toutes les lèvres et dans tous les esprits.

 

 

Parce qu'il est acteur lui-même, Xavier Dolan possède ce rare talent d'aller chercher le meilleur des professionnels qu'il embauche pour ses films. Et cela est particulièrement vrai dans Juste la fin du monde, le quintette formé de (dans le désordre) Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Nathalie Baye et Léa Seydoux, donnant ici la pleine mesure de leur art avec un naturel confondant et une force peu commune, chacun complémentaire à l'autre.

Ce sixième opus du réalisateur québécois est placé sous le signe de la maturité atteinte. Moins brouillon ou confus que les précédents longs métrages, Juste la fin du monde est clair, net, précis et donc d'une efficacité redoutable. Désormais signature visuelle du cinéaste, quelques flashbacks en musique (dont un, superbe, de scène d'amour. On notera d'ailleurs la trame sonore, irréprochable) accompagnent les déchirements, les cris et les méchancetés de cette famille qui n'a que cette manière de communiquer son amour, mais surtout ses désarrois.

Grand film, récompensé à la fois par le Grand prix et le Prix du jury œcuménique au dernier Festival de Cannes, Juste la fin du monde est un flamboiement d'émotions dont on ne ressort pas intact. Chapeau bas.

 

 

Juste la fin de monde prend l'affiche le mercredi 21 septembre.

 

Note : 4 sur 5

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #Critique Cinéma

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