La grande muraille: un nouveau genre de western?

Publié le 20 Février 2017

 

 

Première tentative commerciale grand public d'hybride entre le cinéma chinois et Hollywood, le film La grande muraille est intelligemment fait sans, toutefois, convaincre totalement.

Le début de La grande muraille est un western. Un vrai de vrai, typique. Des cavaliers chevauchent éperdument dans le désert, poursuivis par une troupe qui tente de les tuer à coup de flèches. Sauf qu'il ne s'agit pas de Monument Valley, mais du désert de Gobi. Les cowboys sont, en réalité, des mercenaires à la recherche de la poudre, technologie guerrière inconnue dans ce qui n'est pas encore l'Europe.

Ce groupe de cinq hommes, dont William Garin (Matt Damon) et Tovar (Pedro Pascal), se fait ensuite attaquer par une créature particulièrement féroce qui a plus des allures de dragon que de bête sauvage. Nous voilà plongés dans un «film de monstres». Exit définitivement le western et bienvenue dans l'épopée asiatique lorsque nos deux rescapés arrivent au pied de la Grande Muraille de Chine, défendue par de redoutables soldats, membres d'un ordre sans nom.

Le réalisateur Zhang Yimou (Héros) mise alors, pendant 104 minutes, sur les scènes à grand déploiement, tandis que le scénario signé par Carlo Bernard, Doug Miro (Prince Of Persia) et Tony Gilroy (La peur dans la peau: l'héritage de Bourne) prend bien soin d'inclure honneur, confiance, sacrifice pour la patrie, malheureusement le tout au détriment d'un approfondissement des personnages comme on avait pu le voir dans Le dernier samouraï, pour ne citer que ce titre.

L'ordre sans nom, commandé par Shao (Zhang Hanyu), aidé de son stratège Wang (Andy Lau) et de Lin Mae (Jing Tian), commandante d'un bataillon de femmes, a pour mission de défendre le pays d'une invasion de Taotie, monstres incroyablement puissants, phénomène qui se produit tous les 60 ans. Et les séquences de batailles - remplies d'effets spéciaux - sont suffisamment bien réalisées pour qu'on passe un bon moment.

Les décors n'ont rien, non plus, à envier aux superproductions hollywoodiennes, preuve que 135 millions $ de budget, un tournage entièrement réalisé en Chine et un long métrage coproduit avec ce pays peut donner des résultats à la hauteur des attentes visuelles.

Mais à trop tenter de séduire les deux publics, chinois (le film a pris l'affiche en décembre et a engrangé 170,41 millions $) et occidental, le long métrage tombe rapidement dans le survol rudimentaire (tel le personnage incarné par Willem Dafoe, qui ne sert à rien) et l'action pour l'action, un peu comme Le choc des titans. En étant l'une des toutes premières productions du genre, La grande muraille ne peut qu'être le précurseur de mieux. À nous d'être patients...

 

 

Note: 3 sur 5

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #Critique Cinéma

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